Skip to main content

Comparaison des niveaux de risque entre conducteurs de VULs et conducteurs de poids lourds

Introduction de nouvelles mesures européennes sur la mobilité pour un transport routier plus sûr : comparaison du niveau de risque entre conducteurs de véhicules utilitaires légers et conducteurs de poids lourds.

Pascal Six

Par Pascal Six

3 mars 2023

5 minutes de lecture

Un poids lourd sur une route

L’Europe emploie près de 11 millions de personnes dans le secteur du transport routier. Le transport de marchandises en représente près de la moitié et devrait croître de plus de 60 % en 2050, tandis que le secteur des passagers devrait augmenter de 42 %. Pour renforcer la sécurité, soutenir l’équité sociale et une concurrence loyale, améliorer les performances environnementales et encourager l’innovation, la Commission européenne a mis au point trois trains de mesures sur la mobilité.

 

Le 9 juillet 2020, le Parlement européen a adopté le premier train de mesures sur la mobilité qui inclura les véhicules utilitaires légers (VUL) dans le champ d’application du règlement (CE) no 561/2006. Les véhicules utilitaires concernés par le nouveau règlement sont ceux dont le poids maximal autorisé, y compris les remorques ou les semi-remorques, ne dépasse pas 2,5 tonnes et sont utilisés uniquement pour les opérations internationales de fret ou de cabotage. Le règlement entrera en vigueur à compter du 1er juillet 2026.

 

Si les poids lourds doivent respecter des règles strictes incluant des réglementations sur les temps de conduite et les périodes de repos, les véhicules utilitaires légers n’étaient pas concernés par ces obligations avant l’introduction du premier train de mesures. Ce changement aura un impact sur de nombreuses entreprises qui devront déployer des solutions de tachygraphe dans leur flotte de VUL. Cela soulève une question : les données télématiques indiquent-elles des niveaux de risque proches pour les véhicules utilitaires légers et les poids lourds qui pourraient soutenir le changement de réglementation ?

 

Un rapport publié par le Parlement européen indique que dans son ensemble, la fatigue est similaire pour les conducteurs de VUL et de poids lourds. Mais concernant les VUL, il est encore plus fréquent que cette fatigue survienne sans dépasser les limites d’heures réglementées.

 

Geotab, en tant qu’entreprise, soutient tout effort visant à rendre nos routes plus sûres. Geotab a récemment rejoint l’initiative de l’écosystème SRTI « Données pour la sécurité routière (Data for Road Safety) » (en anglais). Les données télématiques agrégées permettent de mesurer des facteurs clés de la sécurité routière afin de mieux comprendre ses corrélations et son évolution.

 

Afin de mieux interpréter le niveau de risque des conducteurs de poids lourds et de VUL, les questions suivantes seront examinées :

  1. Quelles circonstances entraînent une conduite dangereuse ? Peut-on les mesurer avec des données télématiques Geotab ?
  2. Quel groupe de véhicules affiche le niveau de risque le plus élevé en fonction des facteurs définis dans la première question ?
  3. Les nouvelles réglementations telles qu’énoncées pour les VUL pourraient-elles avoir un impact positif sur le transport routier en fonction des résultats des questions précédentes ?

Concernant la première question, le risque lors de la conduite peut être défini comme la probabilité de dommages, de blessures ou de perte, quelle qu’elle soit. Différents facteurs contribuent au niveau de risque, avec trois aspects : le conducteur, le véhicule et l’environnement du véhicule. Pour l’analyse suivante, le niveau de risque est comparé en fonction des capacités du conducteur uniquement. Un conducteur bien reposé, capable de réagir rapidement aux changements de conditions, présente un niveau de risque inférieur à celui d’un conducteur fatigué, généralement lent dans ses réactions à de nouvelles conditions.

 

Voici les facteurs mesurables avec des données télématiques :

  • Temps de conduite via les signaux GPS et OBD
  • Temps de pause via les signaux GPS et OBD
  • Conduite agressive via les données de l’accéléromètre
  • Excès de vitesse via les signaux GPS et OBD
  • Collisions via les données de l’accéléromètre et les signaux OBD

L’analyse suivante porte sur le temps de conduite et la conduite agressive. Deux ensembles de données agrégées sont utilisés, contenant des informations sur les trajets et le nombre d’événements liés à une conduite agressive par trajet. Le groupe de poids lourds et de VUL utilisés comprend 22 000 véhicules, 9 marques et 45 modèles. Sur une période d’un an, 8 millions de trajets ont été suivis, avec 27 millions d’événements liés à une conduite agressive. 

 

Le schéma ci-dessous présente la répartition du temps de conduite en minutes par trajet. Le bleu indique le groupe des poids lourds et le rouge celui des VUL.

La répartition indique que les poids lourds effectuent en général un trajet plus long que les VUL. En revanche, ce graphique n’indique pas la section des trajets proches de 4,5 heures. Les règles du tachygraphe sur les pauses indiquent qu’après 4,5 heures de conduite, le conducteur doit prendre une pause d’au moins 45 minutes. Pour la section des voyages de plus de 3 heures, nous obtenons le diagramme suivant.


 

Nous remarquons que pour les poids lourds, le diagramme indique une portion beaucoup plus élevée de trajets de près de 4,5 heures. La chute soudaine à environ 280 minutes pour le groupe des poids lourds montre l’impact de la régulation. En revanche, les VUL ne présentent pas la même courbe. Les longs trajets de près de 4,5 heures sont plus fréquents avec les poids lourds, ce qui entraîne un niveau de risque plus élevé pour ce groupe de véhicules.

 

Le schéma suivant montre la répartition de la durée des trajets par jour de conduite et par type de véhicule, proche de la limite de 9 et 10 heures pour les poids lourds.

Ici aussi, nous remarquons le nombre de poids lourds conduisant jusqu’à la limite de 9 et 10 heures pour une seule journée. Une autre indication de niveaux de risque plus élevés pour ces véhicules.

 

Cela signifie-t-il que les conducteurs de poids lourds sont généralement plus affectés par des niveaux de risque plus élevés que les conducteurs de VUL ? D’autres facteurs indiquent nettement que la fatigue n’est pas seulement liée au temps passé sur la route, mais aussi à l’environnement. L’examen des événements liés à une conduite agressive pour chaque type de véhicule révèle des différences claires.

 

Pour l’ensemble de données suivant sur les événements liés à une conduite agressive, le seuil d’accéléromètre déterminant l’événement a été normalisé selon le type de véhicule. Les paramètres de normalisation ont été vérifiés empiriquement à l’aide de notre boîtier GO dans divers scénarios de test. Ces seuils sont visibles sur la plateforme MyGeotab dans la section Règles.

 

Le diagramme ci-dessous indique le nombre moyen d’événements collectés par heure de conduite. Les différents types sont raccourcis par accélération abrupte (Hard Acceleration, HA), freinage brusque (Harsh Braking, HB) et virage serré (Harsh Cornering, HC).

Les accélérations abruptes apparaissent presque deux fois plus souvent pour les VUL, suivies des événements de virage serré avec environ 54 % de probabilité en plus pour les VUL. Enfin, les événements de freinage brusque surviennent avec environ 33 % de probabilité en plus pour les VUL. 

En général, les VUL sont exposés à un risque 54 % plus élevé, en tenant compte de tous les événements sans les séparer par catégorie. Ces informations vont dans le sens du rapport du Parlement européen, comme mentionné dans l’introduction. Bien que le temps de conduite en tant que facteur de risque semble généralement moins probable pour les conducteurs de VUL, la fatigue peut survenir plus tôt dans un environnement de conduite plus stressant.

 

Pour répondre à la dernière question, nous pouvons conclure que la combinaison de conducteurs de LGV présentant un risque plus élevé et un temps de conduite non réglementé est plus susceptible d’entraîner des dommages, des blessures ou toute forme de perte. Pour deux trajets similaires de 4,5 heures effectués par un poids lourd et un VUL, le conducteur du VUL présente un risque 54 % plus élevé. La réglementation contribue à réduire le risque pour le groupe dont le risque est déjà plus élevé. Mais elle ne tient pas compte du fait que les VUL conduisant plus de 4,5 heures d’affilée à des fins commerciales dans un pays resteront autorisés à continuer de la sorte malgré un risque beaucoup plus élevé.

 

Alors que la durée de conduite enregistrée sur les tachygraphes peut seulement fournir une estimation des niveaux de risque, les données télématiques avec détection d’événements de conduite agressive offrent un bon aperçu du risque actuel. Les entreprises qui investissent dans la détection avancée de la fatigue grâce aux données télématiques et aux caméras dirigées vers le conducteur contribueront à rendre nos routes plus sûres en protégeant le conducteur et son environnement.

 

Apprenez-en plus sur les solutions Geotab d’amélioration de la sécurité via l’analyse du comportement du conducteur dans MyGeotab ou l’utilisation de cartes de score de sécurité des conducteurs et découvrez comment des réunions de sécurité avec vos conducteurs peuvent contribuer à une conduite plus sûre.

Abonnez-vous au blog Geotab


Pascal Six
Pascal Six

Oeuvrant dans la télématique automobile depuis 1997, Pascal Six contribue par des partenariats à des flottes plus sûres, économes et écologiques dans le respect des libertés et des réglementations. Dès 2013, il a contribué au décollage de l’assurance télématique, dès 2015, à l’emploi de données venant des constructeurs automobiles en respectant la vie privée des conducteurs, et depuis 2017 il fait souvent le lien entre demandes françaises et les offres de leaders mondiaux de la télématique pour associer finalités, liberté de mouvement, sécurité et usages. Pascal Six est Business Development Manager chez Geotab depuis avril 2020.

Abonnez-vous au blog Geotab

View last rendered: 12/21/2024 07:41:54